Balade d'automne
Par un bel après midi d’octobre, alors que Dame Nature se pare de ses plus beaux atours, deux amis décident d’une balade dans les environs. Ils choisissent rapidement un chemin facile d’accès au dessus de Tarascon où le panorama sur le bassin de l’Ariège s’offre, grandiose, à leurs yeux.
Bien vite cependant ils se détournent de ce sublime paysage automnal et se consacrent plus spécifiquement à la recherche de cavités remarquables comme il en existe des centaines en ces lieux.
Et en effet, ils ne tardent pas à découvrir une grottelle tout à fait insignifiante mais leur instinct les incite à s’en approcher. Là, ils découvrent un réseau de galeries et de boyaux assez intéressants mais ils ne sont pas suffisamment équipés pour se lancer dans une expédition de spéléo et se contentent de visiter avec la plus grande prudence les parties dont l’accès est parfaitement praticable. Cette incursion suffit amplement à leurs investigations.
Au hasard de leurs recherches, ils ont la joie de trouver quelques débris de céramiques du néolithique ainsi que des restes d’amphore d’époque romaine. Cette cavité a sûrement fait l’objet de fouilles sauvages il y a quelques années car le sol est passablement abîmé et les céramiques trouvées sont découvertes à même le sol, dans la terre qui avait vraisemblablement été déblayée à cet endroit. Il est bien évident que ces vestiges ne peuvent rien apporter à l’histoire mais excitent la curiosité de nos explorateurs du dimanche.
En promenant leur regard sur les parois, ils aperçoivent, au milieu de graffiti comme il en existe hélas dans toutes les grottes, un curieux dessin très difficile à voir et encore plus à interpréter. Nos deux compères se lancent alors dans des supputations plus ou moins fumeuses sur la nature du dessin, sur son âge et sa signification et faute de connaissances suffisantes, décident d’un commun accord de n’en parler à personne.
A la fois ravis de leur découverte et quelque peu dépités d’être contraints de la garder secrète, ils vont reprendre le chemin du retour quand un magnifique figuier, à quelque distance de là, attire leur attention. « Un figuier dans ces rochers abrupts ? Voilà qui est bizarre ! ».
Arrivés près du figuier, ils découvrent en effet une autre cavité dont l’arbre masquait totalement l’ouverture. Après s’être frayé un chemin dans les ramifications tortueuses de ce magnifique figuier, les deux compagnons découvrent un antre de quelques mètres carrés, parfait pour abriter quelques personnes. Mais ils remarquent surtout des curieux sillons rectilignes à peu près parallèles sur une paroi. Ces entailles, par leur longueur, leur tracé et leur position font immédiatement penser, selon le plus archéologue des deux acolytes, à des aiguisoirs de dagues ou d’épées de chevaliers du moyen âge !
Hélas! il n’est plus temps de rechercher des traces d’occupation médiévale sur le site car le jour décline. De plus il est vraisemblable que cette cavité a été fouillée elle aussi, et sûrement tout aussi sauvagement que ces voisines, mais les deux amis se promettent de revenir un jour prochain sur les lieux.
Et c’est tout à leur joie et remplis de rêves de chevaliers en armure qu’ils redescendent dans la vallée. Cette grotte pouvait à l’évidence servir de poste avancé pour surveiller la vallée ! Combien de guerriers avaient pu aiguiser leurs épées sur la paroi ? Combien de batailles avaient dû essuyer ces héros mythiques ?
C’est avec ces idées plein la tête qu’ils arpentent les derniers lacets du chemin caillouteux qui les reconduit au plus proche village. Mais à la vue d’un troupeau de moutons paissant paisiblement dans un pré, ils ne peuvent s’empêcher de penser : « et si tout bonnement il ne s’agissait que des marques laissées par le couteau de quelque berger qui surveillait là ces brebis en dégustant quelques figues amenées en guise de casse-croûte ? »
Après tout, quelle importance ! C’est si bon de rêver !
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